Près de Courchevel serpentait la route du poivre. Venu d’orient il passait par Venise, Turin, Termignon où l’on peut visiter la chapelle Notre Dame des Poivres, le col de la Vanoise et la tarentaise. Cette route était aussi, en sens inverse, celle du sel et des fromages qui allait de Moutiers Salins au Piémont.
En 1295 ce serait Marco Polo qui aurait rapporté ce fruit sec pour la première fois à Venise. Cette épice serait ensuite tombée dans l’oubli en Europe puis réapparait à la fin du 19ème siècle.
Passionnés d’épices, nous avons découvert que les zanthoxylum avaient une bonne chance de s’adapter en moyenne montagne savoyarde. Restait l’incertitude de l’altitude exacte, du froid, du poids de la neige, de l’ensoleillement, du vent et de la nature du sol.
Dans les hameaux de moyenne montagne nous sommes nombreux à vouloir faire vivre, revivre ou créer des terroirs, à vouloir faire un périmètre de jardin, de potager, de verger autour des habitations. La plantation de poivriers s’inscrit dans cette démarche avec celle d’obtenir un produit de qualité et de proximité. A la fin des années 10 nous savions que certaines variétés de poivriers passaient l’hiver à 1150m coté ubac et en pleine terre.
Un essai à 1500m a été décevant.
Nous décidons de créer une prairie permanente avec des vergers poivriers basse tige et quelques arbres. Une barrière de haie ou de forêt protège les arbustes du vent asséchant et froid.
« le sel de l’existence est essentiellement dans le poivre qu’on y met » Alphonse Allais (écrivain et humoriste français ; 1854 – 1905)
Le saviez-vous ?
L’expression « payer en espèces » vient du fait qu’autrefois il était possible de « payer en épices », de payer en grain de poivre.